LES SYMBOLES OCEANIENS

Usuels ou rituels, tous les objets des peuples premiers d’Océanie et de Mélanésie sont porteurs de motifs.

Sculptés, peints ou gravés, ces motifs ont tous une raison d’être présents ; ils sont en lien avec l’environnement, terrestre ou maritime. Leur symbolique évoque la pratique de la chasse, de la pêche ou de la navigation. Les dessins honorent les hommes, les ancêtres et les rituels qui rythment la vie des tribus.

Dans le respect de la religion et des croyances, dans un seul souci esthétique certaines fois, les décors parlent et racontent une histoire.

Évidemment, cet article sur les motifs dans les arts premiers océaniens commence par l’objet que j’aime tant et qui a donné son nom à la galerie : le TEMA.

Ornement de chef des Îles Salomon, le TEMA a la forme d’un disque circulaire de tridacne (bénitier fossilisé) poli. Sur cette base blanche jaunie vient se placer un décor en écaille de tortue qui évoque “la frégate” survolant un banc de poissons (thons-dauphins). La frégate est annonciatrice de la pêche puisque sa présence signale aux pêcheurs là où se trouve la nourriture. L’oiseau est représenté avec les ailes déployées, un travail d’une grande finesse qui demande un très grand savoir-faire tant le risque de cassure est permanent ! Vous serez sensible, vous aussi, à ce dessin stylisé qui là encore dénote le regard que porte les “artistes-artisans” sur leur nature. La manière qu’ils ont de ne garder que l’essentiel de ce qu’ils observent est étonnante et remarquable.

Le TEMA est la plus précieuse des parures des Îles Salomon, portée uniquement par les hommes sur le torse. La beauté de ce graphisme est accentuée par l’efficacité du contraste noir / blanc du coquillage et de l’écaille de tortue. Ce choix de couleurs est spécifique aux Îles Salomon, vous retrouverez ce duel-duo dans les autres parures telles que : les KAP-KAP, les LA’ONIASSI.

Les oiseaux sont des thèmes de prédilection des artistes océaniens. Ils interviennent dans de nombreux mythes, les hommes s’inspirent de leurs chants pour composer les leurs, de leurs plumages pour confectionner leurs ornements de cérémonie. Dans certaines sociétés, on pense qu’ils sont la réincarnation des ancêtres et des morts. Ainsi,  les masques GARRA et les sculptures maprik et Abelam honorent les personnes âgées des clans en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Autre symbole fort dans l’art océanien, le crocodile.

Animal prédateur, il est donc associé à la guerre. Il est également animal créateur et dieu de la navigation. La carapace du crocodile est donc fortement évoquée dans la culture Iatmul (article rédigé sur les monnaies de mariages ), peuple du Sepik qui n’hésite pas à endurer une immense douleur en se scarifiant le corps pour honorer le crocodile. Les Iatmul considèrent que ce dernier a créé le ciel et la terre et a fondé les premiers villages. Dans la région du Sepik, le crocodile symbolise l’immortalité. Il est chargé d’emmener les hommes dans le monde des morts situé sous la mer.

C’est sur les proues de pirogues que les Papous représentent cet animal essentiel à leur société. Ils espèrent ainsi se doter des capacités de déplacement du reptile, et parcourir des longues distances en sécurité. Les représentations du crocodile sont très variées. Parfois, seule la tête de l’animal est sculptée, signifiant que le corps se confond avec l’embarcation. Par cette simple évocation, la pirogue se métamorphose en crocodile. La tête peut-être sculptée de façon très schématique, en signalant la bouche par un triangle et les yeux par deux protubérances. Ailleurs, l’image du crocodile se montre très détaillée, on y voit clairement les écailles, les dents et les pupilles de l’animal (voir photo principale de l’article).

 

Dans les artefacts destinés à la guerre, les symboles sont très forts.

Chez les Asmat, le bouclier protège à la fois physiquement et symboliquement le guerrier en repoussant les esprits malfaisants et en effrayant l’ennemi. Les motifs peints véhiculent de nombreux symboles : l’identité du clan,  les ancêtres (la partie supérieure de certains boucliers évoque un visage). Les motifs les plus importants sont les roussettes.

La chauve-souris est associée à la chasse aux têtes car, chez les Asmat, l’arbre symbolise l’homme et les fruits qu’il porte (sa tête) sont mangés par les oiseaux et les roussettes.

Cet animal est donc le symbole de la décapitation de l’ennemi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Leurs couleurs sont également significatives : le blanc, à base de coquilles d’huître, représente le deuil, le rouge, à base d’argile, symbolise le courage, et le noir, à base d’asphalte ou de charbon de bois, la rédemption.

La mante religieuse réputée pour tuer son partenaire sexuel est souvent traduite sur les boucliers de guerre. Les courbes ou crochets évoquent le pouvoir et rappellent la forme des dents des cochons sauvages que l’on retrouve très souvent sur les parures des chefs et guerriers papous.

Je vous invite à vous rendre sur le site de la galerie pour voir ou revoir ces boucliers : grand bouclier Asmatbouclier à tête d’ancêtrebouclier kombaï.

En ce mois de novembre, la galerie est parée de ces objets aux symboles forts, esthétiques, graphiques et colorés. Lors de votre venue à la galerie, je serai heureuse d’évoquer avec vous les autres figures et dessins emblématiques des arts premiers océaniens et de la peinture aborigène.

À bientôt.

Julie Auclair.