MONNAIES D’ÉCHANGE EN PAPOUASIE
Les monnaies d’échange sont les mémoires de la culture océanienne.
Les échanges entre les clans de Papouasie Nouvelle-Guinée sont comme une danse
On donne, on reçoit, on rend…
Des objets en guise de dons qui rythment la vie de papous
Toutes les étapes importantes dans la vie des papous comme la naissance, les initiations des jeunes, les prises de grades, les mariages, les deuils… sont rythmées par ces dons. Ce partage d’objets s’accompagne de nourriture (comme le cochon) en fonction des cérémonies. Ces prestigieuses monnaies sont savamment confectionnées par des mains habiles, les matériaux utilisés sont nobles, précieux et rares comme les coquillages (huitre perlière, ovula, cauris), les plumes ou le bénitier fossile… Ils représentent la bonne foi et marquent le sérieux de l’engagement de la personne qui a réalisé ce travail. Ces matières précieuses font aussi le lien entre l’homme et ses origines, l’homme et ses ancêtres et l’homme et les dieux. Ces objets confectionnés ont une grande valeur spirituelle, ils sont indissociables des chants et danses traditionnels. Entre les peuples de bord de mer, des montagnes, des forêts et des vallées, les rituels et les croyances voyagent en dansant et en chantant. On se transmet l’histoire, le savoir-faire des anciens et on installe des relations économiques et sociales entre toutes les populations de ce pays.
Le pectoral fofona, le bilum (sac), le karahut (parure de bouche) et le poignard sont des objets d’échange en Papouasie, tout comme le Kina.
Le Kina, une parure et une monnaie d’échange en Papouasie
Le Kina est une nacre enduite d’ocre rouge et taillée en croissant de lune. Dans les sociétés papoues, il sert en premier lieu de parure traditionnelle. Il peut également servir de monnaies d’échanges, à l’instar d’autres symboles tribaux. Cette huitre perlière géante est alors utilisée pour harmoniser les relations sociales, pacifier des conflits ou renforcer des alliances.
Le Kina est particulièrement valorisé au sein d’un prestigieux système d’échange compétitif appelé MOKA, pratiqué entre groupes voisins et souvent ennemis. Chacun doit y faire étalage de son prestige et, pour ce faire, obtenir de ses alliés le prêt de biens de valeur. Ces transactions sont organisées en présence de nombreux témoins, de manière à garder précisément en mémoire les biens et les valeurs transférés d’un groupe à l’autre. Si les Kina sont traditionnellement portés par les hommes sur leur buste comme parure, il sont alignés sur le sol lors des échanges, afin que chacun puisse mieux en considérer la valeur. Les monnaies sont échangées lors du paiement du « prix de la fiancée ». On emballe le précieux coquillage dans des fougères puis dans un étui orné de dessins géométriques, parfois d’un motif en croissant, rappelant le collier conservé à l’intérieur.
Preuve de l’importance de cet objet traditionnel, le Kina est devenu le nom de la monnaie officielle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée depuis 1975.
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