ART PREMIER OCÉANIEN ET ART CONTEMPORAIN : DU TEMPS DU RÊVE À LA RECONNAISSANCE

L’art est une preuve du passage de l’homme sur la terre. Appliquée à l’art aborigène d’Australie, cette pensée prend une force toute particulière.

Les premières œuvres des tribus primitives d’Océanie remontent à une époque lointaine à laquelle les communautés ne pouvaient pas communiquer par l’écrit et l’existence de nombreuses langues limitait l’échange oral entre tribus. Ainsi les créations couvraient initialement une nécessité : transmettre les coutumes et histoires des ancêtres. Bien plus tard, d’autres formes ont émergé face à de nouveaux enjeux. TEMA galerie vous raconte comment le terme « art » appliqué aux productions des peuples d’Océanie revêt plusieurs facettes selon les époques : le goût du sacré, l’éveil des consciences…

À l’origine, les productions d’art premier appartenaient au sacré.

Les peintures sur bois, sur roche ou sur corps, les sculptures de coquillages et les danses de cérémonie trouvaient leur essence dans la volonté de transmettre un héritage culturel et des traditions ancestrales. La recherche esthétique n’était pas revendiquée. Ce que désigne « l’art premier océanien » était avant tout une nécessité culturelle, un moyen de communiquer entre communautés. Il y est question de mythes fondateurs, de rêve et d’environnement naturel comme les collines, les points d’eau, les grottes qui incarnent des sites sacrés associés à des figures mythiques… d’où l’appellation de Temps du rêve ou Art du rêve, pilier commun aux différents peuples premiers d’Australie.

L’art premier relevait d’une obligation morale pour les peuples, celle de faire vivre leurs traditions. Il était un passeur d’histoires.

Puis vinrent les peintures aborigènes d’Australie.

Si les sources d’inspiration cultuelles et traditionnelles ont perduré, le contexte de production des œuvres a évolué dans le temps. Après la seconde guerre mondiale, l’art d’Océanie commence à intéresser les occidentaux, et à partir des années 70, leur regard va se transformer. Plusieurs éléments participent au tournant qui permet à un art aborigène de se développer en sortant de la confidentialité.

  • Un homme, Geoffrey Bardon, professeur de dessin australien a servi de catalyseur. Il encourage ses élèves à utiliser l’art pictural comme moyen de faire connaitre leur histoire, leurs croyances et les conditions de vie de peuples longtemps opprimés par le colonialisme britannique (esclavagisme, prosélytisme…).
  • Le regroupement des artistes en coopératives afin de faciliter le contact avec des acheteurs étrangers sur d’autres continents.
  • L’arrivée des techniques modernes d’art plastique, notamment de la peinture acrylique, support favorisant l’emploi de nombreuses couleurs et le foisonnement des toiles.
  • La démarche de certains critiques d’art reconnus sur l’échiquier international et désireux de propulser l’art océanien au même rang que les autres courants de peinture contemporains.
  • Plus récemment, la volonté politique des gouvernements australiens de favoriser la reconnaissance et la diffusion de la culture aborigène nomade ou semi-nomade.

Ainsi, l’art aborigène commence à s’exporter, fait s’interroger le monde, se laisse admirer et est respecté comme un courant de l’art contemporain. Il participe à propager la connaissance et défendre la cause des tribus natives.  Il acquiert une fonction militante.

Aujourd’hui, des artistes du désert australien sont mondialement reconnus.

Les symboles que sont les traces animales, les points et les lignes parfois répétés à l’infini ou révélant des formes graphiques, donnent vie aux toiles des artistes aborigènes. Ils apportent aux œuvres leur identité et leur qualité intemporelle. L’imaginaire poétique des peintures et l’éveil d’émotions déterminent cette capacité à fédérer autour d’un courant, désormais mondialement considéré pour la sensibilité qui s’en dégage. Il a une valeur esthétique universelle.

Pour en apprendre davantage sur les symboles, vous pouvez lire l’article TEMA qui leur est consacré.

 Il est remarquable que l’art aborigène d’Australie ait traversé les époques. Il occupe désormais une vraie place dans l’art contemporain comme vous pouvez le voir à travers de nombreuses expositions dans le monde ou au sein de la galerie TEMA.

« Une œuvre d’art a un auteur et pourtant, quand elle est parfaite, elle a quelque chose d’essentiellement anonyme. Elle imite l’anonymat de l’art divin ». Simone Weil, philosophe.